Laurence D. Fink, le PDG de BlackRock, la plus grosse société d’investissement au monde (4,5 trillions de dollars en gestion) aura fait la une des journaux économiques et financiers au début du mois de février. La cause ? Une lettre de 4 pages qu’il a envoyée aux dirigeants des plus grandes entreprises américaines et européennes. Le message ? Une leçon de gouvernance : la vision court-termiste communiquée par les entreprises ne suffit plus, il faut désormais également partager sur une vision long terme et holistique.
4 reproches ont été émis par Laurence D. Fink dans cette lettre :
Laurence D. Fink recommande aux entreprises d’établir pour les actionnaires un rapport annuel expliquant la création de valeur à long terme de l’entreprise, rapport annuel qui devra être lu et validé par le comité exécutif.
Le Reporting Intégré est un des moyens à la disposition des entreprises permettant de suivre les conseils avisés de Laurence D. Fink. Le Reporting Intégré est un concept propulsé par l’IIRC (International Integrated Reporting Council). BearingPoint a défini 6 critères permettant de caractériser un Reporting Intégré. Nous allons ici les illustrer en prenant pour exemple le reporting intégré 2014 de Barclays Africa Group, grand gagnant de l’Integrated Reporting Awards de l’IIRC. Les six critères sont :
1. Destiné à l’ensemble des parties prenantes, incluant les investisseurs.
2. Holistique car il considère les 6 types de capitaux : financier, manufacturier, intellectuel, humain, social/sociétal et environnemental.
3. Prospectif et ciblé sur la stratégie long-terme de l’entreprise.
4. Centré sur la création de valeur en présentant l’entreprise dans son écosystème
5. Comparable avec des données précises et pertinentes
6. Synthétique et pertinent
De par ces critères, nous voyons comment le reporting intégré est une réponse naturelle aux attentes du PDG de BlackRock. Doit-il pour autant se substituer aux communications court terme des entreprises ?
Laurence D. Fink souligne dans sa lettre : « long-termism should not be a substitute for transparency » (le long-termisme ne doit pas être un substitut à la transparence). Autrement dit, le reporting intégré ne doit pas se substituer à une communication trimestrielle de l’entreprise à ses actionnaires. Les deux sont complémentaires.
On pourrait arguer qu’émerge alors le risque d’empilement des publications réglementaires : rapport annuel, rapport développement durable, rapport intégré, etc. En effet c’est un risque mais il suffit d’expliquer de façon claire (comme l’a fait le Barclays Africa Group par exemple) à quoi servent les différentes publications, quel est leur contenu et à qui elles sont destinées afin de le contrer.
BearingPoint a mené en juillet 2015 une enquête auprès des directions financières, de la communication financière, des relations investisseurs et du développement durable. L’enquête nous aura montré que si le risque de multiplication des publications est réel, le reporting intégré représente surtout pour les entreprises une opportunité de par la valeur qu’il peut apporter non pas en tant que document mais dans son processus de construction. Il faut ainsi voir le reporting intégré non plus comme une fin mais comme un moyen.
Le Reporting Intégré permet ainsi :
En synthèse, comme l’exprime Damien Palacci, partner Digital & Strategy chez BearingPoint, "le reporting intégré supporte et accélère le décloisonnement des fonctions de l’entreprise en les fédérant autour des enjeux stratégiques moyen-long terme".
Ainsi, si le Reporting Intégré est une réponse aux reproches de Fink en termes de communication financière, il s’agit aussi d’une opportunité d’aller plus loin et d’embarquer l’entreprise et ses parties prenantes dans un voyage au long-terme.
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