«We want to be the easiest way for normal people to turn their home into a smart home». La déclaration d’Alex Hawkinson, CEO de SmartThings, est claire et sans équivoque : le géant coréen Samsung et sa filiale nourrissent de grandes ambitions sur le marché de la maison connectée.

Si celui-ci s’avère encore en pleine définition, décevant pour certains[1] et prometteur pour d’autres[2], la course à l’innovation fait pourtant rage et Samsung tente de se positionner comme le forerunner de la domotique.

Le Hub au cœur de la maison connectée : SmartThings

Dans un marché où le capital-marque est déterminant, le positionnement multisectoriel du groupe coréen l’a obligé à la constitution d’une entité propre pour s’engager dans la Smart Home. C’est chose faite depuis Août 2014 et l’achat de SmartThings pour 200 millions de dollars.

La promesse de SmartThings ? Une gestion intégrée et simplifiée de l’ensemble de l’écosystème d’objets connectés et de capteurs au sein d’une maison.

L’offre de SmartThings ? Un hub et toute une panoplie de capteurs, fonctionnant avec ou sans connexion Internet. Il est possible d’acheter l’ensemble sous forme de kit pour la somme de 200 dollars, ou bien de se procurer les divers éléments séparément. Le hub coûte environ 100 dollars et les prix des différents capteurs oscillent entre 30 et 45 dollars chacun. SmartThings permet ainsi aux particuliers de contrôler la luminosité ou la température à l’intérieur de leur demeure, au travers d’une seule application, the SmartThings app, constamment alimentée par les informations du hub.


SmartThings – Le Hub et ses capteurs

Une large gamme d’objets connectés au service de la Smart Home

Avec SmartThings et son système de hub, la stratégie de Samsung en matière de Smart Home découle ensuite d’elle-même : placer ses produits au cœur du foyer. En bon manufacturier, le groupe coréen propose d’ores et déjà une très large gamme d’objets connectés.

Capteur de sommeil SleepSense, Smart TV, réfrigérateur ou encore four connecté… Samsung s’avère être particulièrement et régulièrement innovant. Et la dernière sortie en date peut en attester : le Samsung Family Hub Refrigerator avec écran tactile, musique, caméras intégrées, possibilité de suivi des dates de péremption et de commande en ligne fait office de nec plus ultra dans la cuisine d’une Smart Home.

Les projets en cours annoncent également la couleur. La R&D bat son plein et l’IoT est érigé en véritable cheval de bataille. Samsung travaillerait actuellement sur une Smart Window, des systèmes d’air conditionné, des lampes et machines à laver, tous connectés. L’entreprise avance même un chiffre-clé : 90% des produits Samsung seront connectés d’ici à 2017.

Le device semble ainsi être une des portes d’entrée privilégiées par le géant de l’électronique Samsung dans le marché de la Smart Home, avec des produits toujours plus intelligents et innovants, pour faciliter au mieux l’expérience de vie au sein du domicile.

Sur la voie de l’open source

Cependant, plus qu’une simple acquisition stratégique pour Samsung, SmartThings représente un shift considérable dans le business model du groupe de Lee Kun-hee. La plateforme est un open system, ouverte et facile d’accès, allant ainsi à l’encontre des systèmes plus fermés et restreints qui caractérisaient les conceptions de la firme, à l’image du partenariat avec Windows 7 pour le Galaxy Tab.

Prise en compte des nouvelles technologies d’OS ? Adaptation à la concurrence et aux attentes des utilisateurs ? Volonté disruptive ? Difficile de répondre. Mais quoi qu’il en soit, Samsung exprime formellement son désir de dépasser sa condition de manufacturier.

«Some of these are Wi-Fi devices. Some are Zigbee, some are Z-Wave. In the future, it’s Thread, it’s whatever». Qu’importe le réseau, le produit, le système de transmission des données utilisé, Samsung veut être en mesure de pouvoir tout supporter et tout maitriser au sein de son écosystème.

Le but ultime : une gestion parfaite de l’interopérabilité et de l’interconnectivité

S’il convenait de résumer l’enjeu du marché de la Smart Home, ce serait bien celui-là : la maitrise de l’OS et du protocole Open Source. Pour l’emporter, il est nécessaire d’être le carrefour de toutes les interactions entre les divers objets connectés, d’être le récepteur de toutes les fréquences. Et pour y parvenir, Samsung s’en donne les moyens.

Plusieurs initiatives témoignent de l’hyperactivité de Samsung dans le domaine de l’internet des objets et de la maison connectée :

  • Avril 2015 : lancement de l’Artik Cloud, plateforme d’échange de données « ouverte », conçue pour l’analyse et la gestion des informations transmises par n’importe quel objet connecté. Cette solution œuvre pour faciliter le développement d’objets et d’applications connectés par le plus grand nombre, à travers des manifestes et des connecteurs multiprotocoles, utiles pour briser les logiques de silo dans l’IoT.
  • Juin 2015 : prise de participation au capital de la start up française Sigfox.
  • Décembre 2015 : fondation conjointe avec un groupe d’investisseurs de la start up Afero, travaillant sur une plateforme IoT sécurisée et permettant l’interopérabilité entre les différentes marques d’objets connectés à travers son architecture spécifique.
  • Avril 2016 : annonce de la sortie prochaine d’un nouveau Real Time Operating System, open source.

Les alliances et les partenariats noués ces dernières années suivent à chaque fois le même objectif : cette quête éperdue de la maitrise de l’interopérabilité et de l’interconnectivité. SmartThings est aujourd’hui membre de la Z-Wave Alliance tandis que la maison-mère fait de son côté partie, depuis février 2016, de l’Open Connectivity Foundation. Cette dernière, surnommée la « Smart Home Alliance » regroupe d’ailleurs un nombre important de big players – Microsoft, Intel, Qualcomm, Cisco, GE Digital et donc Samsung – qui tentent de créer, ensemble, un protocole open source global pour gérer leurs interactions.

La ligne de mire est ainsi bien fixée pour Samsung et le groupe coréen tire tous azimuts dans le domaine de l’open innovation. Et la somme de ces efforts ne sera pas vaine pour dépasser le paradoxe naissant de la Smart Home : proposer le protocole le plus ouvert qui soit, tout en offrant l’architecture la plus sécurisée possible.

Auteurs :
Julien Martinez, Business Analyst
Isabelle Viennois, Senior Manager