Inéluctable et multidimensionnelle, la transformation digitale incarne en Afrique plus qu'ailleurs, une formidable opportunité d'inventer des modalités de services inédites, d'ouvrir les sociétés à de nouveaux savoirs, de rendre l'économie plus inclusive, efficace et innovante. Mais ce formidable potentiel s'associe également à de nombreux défis auxquels le continent doit faire face. Comment ces bailleurs peuvent-ils faire face aux enjeux de la transformation numérique et accompagner au mieux les pays dans ce processus de transformation digitale ?
Avec plus de 435 millions d'internautes, l'Afrique accélère sa transition numérique et se positionne désormais comme un acteur clé et dynamique dans ce domaine. Dans cet environnement porteur pour tous les acteurs locaux comme pour les investisseurs, la digitalisation de la société représente un puissant accélérateur de développement.
Le réseau de start-up et d'incubateurs africains s'accroit, témoignant d'une nouvelle dynamique et venant enrichir l'horizon des possibles.
D'autres initiatives orientées vers les NTIC émergent dans différents pays africains. De nombreux investissements ont été réalisés pour permettre au continent d'améliorer le taux de pénétration du web même si des écarts subsistent encore. Pour réduire cette fracture numérique, un développement des capacités techniques s'impose, notamment par un renforcement des compléments analogiques tels que le développement de compétences digitales à travers l'éducation, la mise en place d'un cadre réglementaire structuré, ainsi que des infrastructures adéquates.
Les sauts technologiques ou « leapfrog » induits par la transformation numérique impliquent une véritable révolution des us et coutumes. Ils représentent pour le continent un puissant levier de croissance, générateur de gains et d'efficience et permettent de répondre aux Objectifs de Développement Durable (ODD) fixés par l'ONU.
Par ailleurs, profitant du retard pris par l'Afrique, le numérique se positionne directement sur les nouvelles technologies orientées métiers. En intégrant le digital dans une grande variété de secteurs, les pays africains sont ainsi en mesure d'investir des activités à plus forte valeur ajoutée, telles que la e-santé, l'e-business, l'e-emploi, l'e-agriculture. L'apport de la data présage également, par extension, de nouvelles opportunités.
La clé de l'utilisation de ces nouvelles technologies réside dans leur capacité à s'appuyer sur des ressources financières, humaines, mais également sur un réseau d'experts techniques, afin d'allier les compétences à une compréhension des enjeux locaux.
Dans cet écosystème transformé, les principales Institutions Financières Internationales ou privés, jouent un rôle clé accompagnant financièrement les pays dans leurs politiques de transformation et les aidant également à élaborer les stratégies idoines en tenant compte des disparités existantes sur le territoire africain.
Par ailleurs, de nombreux pays africains ont mis en place des plans nationaux de stratégie digitale, à l'image du Maroc et de son « Numéric Maroc 2020 ». La transformation numérique du continent constitue ainsi un nouvel enjeu tant pour les pays que pour les bailleurs de fonds.
La thématique de la culture de l’innovation au sein des acteurs publics du développement est une clé qui permettra aux bailleurs de fonds de se positionner comme des partenaires de confiance de la transformation des pays qu’ils accompagnent.
Jean-Michel Huet, Associé chez BearingPoint en charge du développement international et de l’Afrique
Le dynamisme entrepreneurial couplé à la technologie, à la digitalisation et à la montée en puissance d'une génération de plus en plus connectée, ouvrent à de nouvelles opportunités. Pour de nombreux bailleurs, l'accélération du numérique dans les pays en voie de développement, et particulièrement en Afrique, représente désormais une priorité.
Pour articuler cette stratégie et assurer la présence d'un pôle d'expertise, les IFI ont développé des pôles digitaux au sein de leurs organisations et privilégient des stratégies de partenariats publics-privés avec les ONGs et fondations privées, mieux adaptées aux enjeux du numérique
Mais, pour accompagner les pays dans l'établissement et l'enrichissement de leur transformation digitale, ces acteurs doivent également adopter une position d'innovateurs et prendre en compte des réalités extrêmement diverses. Cela implique un changement de paradigme important en termes de méthodologie de travail, de temporalité et de montant de financement. Accompagner les pays sur les thématiques numérique et d'innovation demande donc un grand effort d'adaptation et de transformation de la part des bailleurs, afin qu'ils puissent participer efficacement à l'émergence d'un écosystème d'innovation.