Les monnaies numériques de banque centrale, communément appelées par l’acronyme anglais CBDC (Central Bank Digital Currency), connaissent un essor fulgurant : entre 2020 et 2023, le nombre de pays ayant initié des projets de CBDC a triplé, passant de 35 à plus de 100. La plupart de ces projets sont en phase de recherche avancée, et 11 pays ont déjà leur propre CBDC. Fait notable, les pays en développement et émergents sont les plus dynamiques en la matière, et la majorité des CBDC existantes ont été déployées dans ces pays.
Cette tendance de fond est le fruit d’une double évolution. D’une part, elle résulte de la digitalisation croissante des systèmes de paiement, qui donne un poids de plus en plus prépondérant aux transactions numériques partout dans le monde. En Afrique par exemple, le mobile money s’est ainsi généralisé et permet à des centaines de millions d’africains d’effectuer des transactions depuis leur téléphone portable. D’autre part, elle est rendue possible par les progrès en matière d’informatique, qui permettent désormais de créer des monnaies numériques sécurisées répondant aux attentes et aux objectifs propres de chaque banque centrale.
Ces évolutions pourraient faire des CBDC un puissant outil de renforcement de l’inclusion financière et de la souveraineté monétaire dans les pays émergents et en développement. Pour les banques centrales, l’utilisation d’une monnaie numérique permettrait de renforcer les systèmes de paiement, de bénéficier d’un nouvel outil de politique monétaire et de gagner en efficacité. La CBDC apparait aussi comme un rempart aux cryptoactifs privés, qui pourraient affecter la stabilité financière par leurs fluctuations et menacer la souveraineté monétaire des Etats. Pour les particuliers, une CBDC pourrait être un levier clé d’inclusion, notamment en leur permettant d’avoir un accès dématérialisé à un moyen de paiement fiable, directement garanti par l’autorité nationale, disponible partout y compris dans les régions les plus isolées, pour un coût significativement réduit. Enfin, elle pourrait fortement contribuer à l’accélération des innovations dans le monde des paiements digitaux et plus largement des services financiers.
Pour permettre de mieux comprendre ces enjeux, BearingPoint propose une analyse approfondie de la CBDC. Ponctué d’exemples et d’entretiens avec des experts, ce point de vue présente les différents modèles de CBDC, leur potentiel pour les pays émergents et en développement, et quelques éléments clés pour une mise en œuvre réussie de ce type de projets. Il s’adresse donc à la fois aux gouvernements et aux banques centrales qui envisagent d’introduire une CBDC, aux institutionnels mobilisés sur les thématiques d’inclusion financière, et à tout acteur souhaitant mieux comprendre les enjeux clés de cette nouvelle (r)évolution monétaire.