Le Portugal est régulièrement cité parmi les acteurs émergents dans le choix de localisation des Centres de Services Partagés (CSP), générant des économies impressionnantes (jusqu’à 40%)[1].

Les autres candidats au nearshoring sont Européens (République Tchèque, République d’Irlande, Pologne). En quoi le Portugal permettrait-il de combiner, plus qu’aucune autre localisation, efficacité et qualité de service ?

 

Les différentes vagues de localisation des CSP

Historiquement, le choix de la localisation d’un CSP a longtemps été guidé par les coûts. Dans les débuts des années 1990, l’Irlande était un premier choix. Puis virent à partir des années 2000 les pays de l’Europe centrale - orientale (Pologne, Pays Baltes), la Chine et l’Inde.

Aujourd'hui, la qualité de la main-d'œuvre et sa disponibilité sont perçues comme critiques. Les marchés historiques sont saturés et moins attractifs du fait d’un turn-over élevé, de problèmes de qualité de service, associés à une hausse du coût de main-d’œuvre. Ainsi, le Portugal apparait comme étant une localisation pertinente par rapport à ces difficultés.

Le Portugal, en très bonne place dans le choix de localisation en Europe

Parmi ses concurrents européens, le Portugal apparaît régulièrement dans le top 3 des classements ayant pour critères la performance macro-économique du pays, la qualité des infrastructures, les compétences disponibles et les coûts. Ce dynamisme se traduit par la contribution significative des CSP et call-centers au PIB portugais (2%). De nombreux groupes européens de différents secteurs (banque, assurance, technologie ou encore industrie automobile) mettent en place leurs CSP dans la région de Lisbonne mais aussi dans celle de Porto ou de Braga.

Trois critères clés expliquent cette position concurrentielle avantageuse

Une main-d’œuvre très qualifiée et flexible…

Plus de 75 000 jeunes sont diplômés par an, avec de fortes compétences en langues étrangères (80% parlent anglais, 63% parlent français) au sein d’un système éducatif performant (Lisbon university, Porto university, Coimbra university, etc.). Les dépenses d’éducation représentent 5,7% du PIB[2], devant l’Irlande (5,2%) ou la Pologne (5,5%). Le droit du travail est plutôt flexible quant aux conditions d’embauche, durée de travail et de licenciement. En plus de leurs soft skills, les Portugais sont réputés pour les compétences IT (Natixis créera une structure interne Porto de 600 personnes à l’horizon 2019[3]), RH et Finance[4]. Ainsi, les CSP au Portugal sont considérés comme des Centres d’Excellence. En plus de la proximité géographique et culturelle du Portugal par rapport à ses clients européens (permettant une forte réactivité du CSP), le niveau de qualification est un des facteurs clés de succès du CSP. Il permet l’optimisation de l’organisation via des dispositifs d’amélioration continue, l’extension du périmètre fonctionnel vers la mise en place de GBS[5] multifonctionnels ou encore la mise place de CSP captifs.

… au coût de main-d’œuvre relativement modéré

Ensuite, les salaires sont compétitifs, soutenus par une fiscalité avantageuse. Le coût de main-d’œuvre est relativement modéré, et en diminution de 4% depuis 2012[6]. Le salaire moyen pour un collaborateur CSP au Portugal est compris entre 800 et 1100 € sur 13 mois. Cette compétitivité est renforcée par des incitations fiscales majeures (notamment une exemption de 23,75% sur la contribution aux organismes sociaux pendant 36 mois). A cela s’ajoute un risque limité d’inflation et de change (le pays étant dans la zone euro à l’inverse de la République Tchèque ou la Pologne).

Et des infrastructures de qualité - investissements et coûts raisonnables

Le pays est quatorzième au rang européen quant aux technologies de la communication au service des entreprises, devant la République Tchèque (24e) ou l’Irlande (42e).

Les investissements dans les télécoms sont conséquents (0,47% du PIB)[7], devant ceux dans les deux pays précédemment cités, respectivement 0,39% et 0,38%. Par ailleurs, le coût des infrastructures immobilières est raisonnable (loyer de 15 €/m² en moyenne).

 

 

En conclusion, localiser son CSP au Portugal permet créer des Centres d’Excellence en combinant qualité de service, proximité client, amélioration continue et innovation. Conscient que le Portugal est un nouvel eldorado, BearingPoint est implanté au Portugal et a conduit plusieurs projets de mise en place de CSP en Europe, notamment au Portugal.

Auteurs : Elisabeth Denner, Sébastien Canonne, Grégoire Chalmin