Big Data, Cyber-Physical Systems, Cloud, IIoT ou bien encore Digital Twin ; ces mots peuvent vous paraître familiers ou bien totalement étrangers, ils sont aujourd’hui fréquemment évoqués lorsqu’il est question d’industrie 4.0. Nouvelle appellation marketing pour les uns, début d’une nouvelle révolution industrielle pour les autres, que se cache-t-il derrière cette appellation d’industrie 4.0 ? Plus précisément, quels sont les contours et les principaux enjeux de cette industrie du futur ? Démystifions, ensemble, le sujet.

Quels sont les prérequis à l’industrie 4.0 ?

Comme nous avons pu le présenter dans le premier article de cette série, l’appellation de révolution souvent associée à l’industrie 4.0 ne doit pas être conceptualisée comme une rupture brutale. L’industrie 4.0 doit plutôt s’imaginer comme l’intersection de ce qui est rendu possible par les nouveaux développements technologiques. La technologie étant un élément nécessaire mais non suffisant permettant d’étendre le champ des possibles.
Ainsi, il ne faut pas perdre de vue que les concepts utilisés habituellement dans l’industrie, tels que le Lean ou le Six Sigma, ne s’effacent pas au seul profit de l’industrie 4.0.
A contrario, ces concepts restent des principes clé qui deviennent des prérequis forts à une bonne implémentation de l’industrie 4.0.
L’analogie avec les poupées russes est, à cet égard, fortement représentative. Si nous considérons la compréhension des bases de la supply chain comme la première poupée, le Lean Management la seconde, l’industrie 4.0 serait alors la dernière englobant les deux précédentes (voir illustration).
En d’autres termes, l’industrie 4.0 ne vise pas à se soustraire des principes de la supply chain et du Lean Management, mais à les porter à un niveau supérieur grâce, entre autres, aux nouvelles technologies.
Par conséquent, tout industriel souhaitant implémenter des éléments de l’industrie 4.0 se doit de maîtriser parfaitement son flux logistique et avoir assimilé le Lean. Par exemple, mettre en place des solutions de Business Intelligence n’est d’une utilité très limitée sans une bonne connaissance de la valeur client et une bonne maîtrise des flux.

Quelles sont les perspectives offertes par l’industrie 4.0 ?

L’étendue des perspectives offertes par l’industrie 4.0 ne peut, aujourd’hui, être appréhendée avec certitude. S’il est permis d’imaginer des usines autogérées par une intelligence artificielle pouvant résoudre des problèmes d’une complexité forte, la mise en place de telles solutions paraît encore hypothétique sur un horizon court-moyen terme.
En revanche, l’intégration des connaissances du Six Sigma dans les moyens de production, pour qu’ils puissent modifier leur fonctionnement en totale autonomie et adopter un comportement prédictif semble tout à fait imaginable à court terme.
De même, la perspective de Manufacturing as a Service (MaaS) pourra devenir une réalité dans un environnement 4.0 dans lequel les ressources sont interconnectées et leur pilotage à distance possible. De cette manière, il sera possible de designer chez soi un objet pour ensuite en sous-traiter la fabrication dans une usine connectée. Ainsi, une partie de l’offre industrielle se tournera vers une offre de service où les moyens de production, partiellement autonomes, pourront répondre à différents ordres de fabrication.

Comment mettre en pratique l’industrie 4.0 ?

La première étape vers l’industrie 4.0 consiste à analyser les processus actuels afin d’évaluer leur maturité au regard des meilleures pratiques industrielles.
Pour ce faire, BearingPoint a développé une matrice d’évaluation organisée autour de quatre thèmes, allant de la vision stratégique à la vision opérationnelle, et de cinq caractéristiques majeures de l’industrie 4.0 pouvant fournir une évaluation de la maturité des processus client.

  

En appliquant cette matrice d’évaluation auprès de nos clients, nous sommes capables de comprendre quelle est la maturité à date des processus ainsi que les principales zones d’irritants. Ces informations sont ensuite utilisées dans l’activation de leviers d’amélioration et la construction des processus cible en lien avec les ambitions de nos clients dans l’industrie 4.0.
De cette façon, nous avons pu repenser, pour un grand groupe spécialisé dans la défense, l’ensemble de ses chaînes de production afin d’intégrer des éléments novateurs tels que l’IoT et des outils de simulation prédictive.

François Rovere, Consultant 

Guillaume Rochat, Manager