Aux questions de culture, les DRH seraient les grands vainqueurs d’un concours de Trivial Poursuite. Mille réponses spontanées de DRH pourrait surgir à la question : qu’est-ce que la culture d’entreprise ?

Parmi les réponses possibles :

  • Une somme de valeurs, issues d’un consensus largement partagé : « croissance durable », « intégrité », « solidarité », « diversité »… Des laisser- passer permettant à l’entreprise d’être reconnue conforme aux exigences de notre société : entreprise « éthique », entreprise « responsable », entreprise « respectueuse de ses salariés », entreprise « engagée »…
  • Une épopée fantastique, une mythologie familiale, une « belle histoire » (à peine romancée), fierté de ses dirigeants.

Quelle que soit l’alchimie retenue, on n’a pas trouvé meilleur liant jusqu’à présent pour rassembler les salariés sous une bannière commune, mobilisatrice car porteuse d’un message.

Mais dans la « vraie vie », est-il vraiement aussi facile de décreter une culture ? L’Université d’entreprise a-t-elle un rôle à jouer dans la diffusion de cette culture, souvent en évolution ? Et ne peut-elle pas apporter plus encore ?

La culture, ça s’apprend ! L’université d’entreprise comme diffuseur de la culture

Ce qui est culturel n’est pas naturel : les valeurs s’interprètent, les histoires « vraies » ne s’improvisent pas … Le salarié est donc amené à apprendre la culture de son entreprise, non pas comme un cours théorique ni comme une méthodologie appliquée, mais comme un credo sincère… et vécu.

Fusion-acquisitions, partenariats, joint venture, regroupements d’une part, mondialisation des marchés, des enjeux, de la concurrence d’autre part : l’entreprise est devenue protéiforme, morcelée, divisée en zones géographiques aux business model spécifiques voire concurrents.

Face à cette diversité, l’Université d’entreprise apparaît comme le lieu idéal de diffusion de la culture de cette entreprise globalisée. Elle n’est pas seulement un centre de formation d’excellence, mais aussi un lieu de rencontre et de partage (univers-cité) de problématiques business, de savoir-faire, de connaissance des marchés et des clients.

Afin de transmettre et rendre vivante la culture de l’entreprise, les Universités jouent souvent la recette de la salade de fruits :

  1. Regroupez des profils similaires de par leur positionnement au sein de l’entreprise, autour d’une formation théorique ;
  2. Déstabilisez-les : sortez-les de leur cadre habituel en les centralisant sur un campus, en mélangeant les nationalités, faites-les sortir de leur zone de confort par des jeux de rôles faisant appel à l’imaginaire et au personnel ;
  3. Distillez alors votre message à travers les supports de formation et les discours théâtraux, telles des images subliminales d’un public réceptif ;
  4. Laissez agir !

Le bouillon de culture créé par le mélange des ingrédients se révèle souvent meilleur que les fruits eux-mêmes !

Appliquez cette recette à la culture d’entreprise et vous aurez une histoire, des valeurs prêtes à être diffusées auprès de toute l’entreprise. L’Université est un lieu de brassage des profils et des entités de l’entreprise. Autour d’une thématique donnée et dans un cadre propice aux échanges car hors du temps (aspect emprunté à l’académisme), ont lieu des échanges et se tissent des liens. L’Université d’entreprise apparaît dès lors comme un point d’ancrage, centre de gravité de la vie d’entreprise.

La récurrence des formations amènera même les salariés à être confrontés de manière répétée avec cet apprentissage, tout en développant des liens avec leurs confrères de la même communauté.

Mais cette vision académique de la culture reste forcément partielle : l’Université d’entreprise, en tant que lieu du savoir et gardien du temple, évolue à un rythme plus lent que celui du monde professionnel.

Or ce qui n’évolue pas (en l’occurrence, ne s’adapte pas assez vite) est destiné à disparaître : une menace pour la culture d’entreprise ?

La culture, ça évolue ! L’Université comme un co-producteur de la culture

La seule injection de culture par l’Université lui permettra-t-elle de perdurer dans son rôle de créateur de lien au sein de l’entreprise ? N’a-t-elle pas un rôle plus ambitieux encore, et plus durable ?

Les salariés de la génération Y ne revendiquent-ils pas leur liberté face à une entreprise toujours trop envahissante ? Ne sont-ils pas eux-mêmes créateurs de valeurs, de liant, et in fine de culture, par leur implication active sur le web 2.0 et les réseaux sociaux ? N’y a-t-il pas un risque de voir la diffusion de la culture échapper complètement aux canaux « officiels » de l’entreprise ?

En favorisant les échanges transverse au sein de l’entreprise, en s’y insérant au lieu de les rejeter ou de les combattre, l’Université d’entreprise doit pouvoir se positionner dans un rôle de pilote de la culture, au-delà des sessions faites en ses murs.

  • L’Université aurait tout à gagner à mieux participer à l’après-formation en instituant et animant des réseaux sociaux, sur le principe des réseaux d’alumni.
  • Les stagiaires pourraient être davantage créateurs. Les participants pourraient se voir proposer d’actualiser les contenus en continu, voire de participer à leur diffusion en animation des réseaux ou des formations elles-mêmes.
  • L’université pourrait susciter des échanges entre l’interne et l’externe : en l’espèce, la comparaison entre une culture affichée et la perception, notamment par les clients, est souvent révélatrice.

La formation à la culture au sein de l’Université d’entreprise apparaît alors comme le point de départ d’une dynamique de plus grande ampleur : l’Université d’entreprise devient non seulement « diffuseur » mais aussi « capteur » des évolutions de la culture, tout en assurant leur actualisation avec les salariés eux-mêmes.

Contact: Olivier Parent du Chatelet, Associé