Le nucléaire est la seule énergie dite « zéro-carbone » permettant de produire de l’électricité en masse et sans intermittence. Raison pour laquelle, le nucléaire produit aujourd’hui environ 70% de l’électricité en France. Cependant, le parc nucléaire français vieillit, ce qui va mener la France dans une ère de déconstruction importante dans les années à venir. Quelles sont les perspectives de déconstruction en France ? Pourquoi s’agit-il d’une filière stratégique pour la France ? En quoi Chooz A est-elle une étape clé pour la filière française ? Quels sont les enjeux de la déconstruction ? Notre dossier thématique sur la déconstruction nucléaire répondra à ces questions.

Quel est l’état du parc nucléaire français aujourd’hui ?

Le parc français comprend aujourd’hui 56 réacteurs nucléaires REP actifs dans la production d’électricité, majoritairement de seconde génération, et répartis sur 18 centrales nucléaires. 50 de ces réacteurs ont atteint 30 ans à fin 2020 et atteindront donc les 40 ans avant la fin de la décennie. La France doit donc aujourd’hui prévoir une phase importante de démantèlement dont la planification dépendra d’éventuelles extensions de durée de vie et des décisions politiques relatives au nucléaire.

Le premier arrêt d’un réacteur nucléaire remonte à 1968 avec le premier réacteur de recherche UNGG de Marcoule. A date, on compte 9 réacteurs électrogènes arrêtés et en cours de démantèlement. Les réacteurs arrêtés étaient jusqu’à présent majoritairement des réacteurs UNGG. Cependant, c’est aujourd’hui l’occasion pour EDF de développer son savoir-faire en déconstruction de REP à la suite de l’arrêt du réacteur Chooz-A et plus récemment des deux réacteurs de Fessenheim. Les compétences d’EDF vont d’autant plus s’accroître que les 56 réacteurs nucléaires en service restants sont tous des REP.

En cohérence avec la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) de janvier 2020, EDF a proposé au gouvernement d’étudier une liste de 14 réacteurs à arrêter à l’horizon 2035 (hors Fessenheim).

Une double tendance qui se croise…

La France oscille aujourd’hui entre deux stratégies :

Une politique énergétique qui a pour ambition de réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique à 50% d’ici 2035.

Une volonté de réduire l’empreinte carbone. Or, le nucléaire est aujourd’hui indispensable pour atteindre cet objectif du fait de l’absence de sources énergétiques équivalentes en termes d’impact environnemental et de capacité de production. En effet, l’exploitation des énergies fossiles émet beaucoup de CO2, tandis que les énergies renouvelables, bien que propres, sont par nature intermittentes et ne permettent pas de fournir une grande quantité d’énergie pilotable.

… et qui conduit à un marché de la déconstruction dual :

La politique énergétique ainsi que l’âge de ses installations nucléaires poussent donc la France à rentrer dans une phase de déconstruction. L’arrêt des deux réacteurs de Fessenheim en février et juin 2020 en fut la première étape. Cependant, des opérations complémentaires de grand carénage pourraient permettre de repousser la date d’arrêt de certains réacteurs de 10 ou 20 ans, ce qui permettrait à la France d’atteindre ses objectifs de neutralité carbone et de développer en parallèle son parc d’énergies renouvelables.

La France, ainsi que les autres pays, vont donc rentrer dans une nouvelle ère de déconstruction nucléaire. Pourquoi la déconstruction représente-t-elle une filière stratégique pour la France ? A suivre dans le prochain article…

Auteurs :
Marie-Anne Masardier, Consultant
Julien Bos, Manager
Emmanuel Autier, Partner

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