Les projets de transformation des environnements de travail d’entreprises différentes sont souvent motivés par les mêmes enjeux :

  • Favoriser les échanges et la collaboration entre les collaborateurs
  • Permettre l’ouverture de l’entreprise vers l’extérieur
  • Incarner l’image et les valeurs de l’entreprise

Néanmoins, la traduction de ces enjeux diffère selon les entreprises du fait de leur culture et de leur ADN propres. Cela peut s’observer sous 2 dimensions :

  • La typologie des aménagements déployés
  • La place laissée au digital au sein des futurs espaces de travail

Les aménagements déployés : une tendance d’ouverture et de spécification des espaces

Lors de la conférence de la Commission Immobilière EBG du 23 octobre dernier, animée par Ludovic Legendre (BearingPoint), Florence Péronnau (Sanofi), Sophie-Jeanne Hales-Le-Menestrel (Google France) et Didier Caramello (SNCF – Gares & Connexions) ont révélé une tendance commune dans les nouveaux aménagements de travail : l’ouverture des espaces pour une plus grande transversalité entre les équipes. Cela, comme l’explique Florence Péronnau, afin de « faire travailler ensemble des gens qui n’en avaient pas l’habitude : il faut ouvrir les silos et casser les murs ».

Ainsi, chacun des 3 projets présentés se caractérise par le faible nombre de bureaux individuels fermés. A titre d’exemple, le siège de Google France ne compte que 3 bureaux fermés pour 700 postes de travail. Le Campus Val de Bièvre de Sanofi, qui abrite 70 bureaux fermés pour 3 000 résidents, va encore plus loin dans la flexibilité des espaces de travail avec le déploiement de l’environnement dynamique : postes de travail non attribués et diversifiés afin d’être les mieux adaptés à chaque activité du travail tertiaire.

L’ouverture des espaces de travail s’accompagne de la création de points de rencontre formels et informels pour faciliter les échanges et le partage au service de la créativité. Google a d’ailleurs érigé ce principe de la convivialité en une norme d’aménagement : Sophie-Jeanne Hales-Le-Menestrel expliquant qu’aucun collaborateur ne doit se trouver à plus de 30 m d’une « micro kitchen », espace d’échange informel par excellence.

Les 3 intervenants insistent également sur le déploiement d’espaces spécifiques pour répondre aux enjeux d’ouverture vers l’extérieur et de renforcement de l’image de l’entreprise. Avec le projet « Panhard », Gares & Connexions a mis en œuvre de nombreux espaces d’accueil de personnes externes à l’entreprise : auditorium, espace incubateur ou design lab de co-working. L’objectif affiché est d’attirer le « monde extérieur » en ses murs pour, d’une part, valoriser l’entreprise, mais également stimuler l’innovation et la créativité. De même, un bâtiment du Campus Sanofi Val de Bièvre, comprenant les 2 auditoriums et le centre de formation du site. Une conviction partagée : l’innovation se construit donc en capitalisant sur les apports de l’extérieur.

Les aménagements déployés dans les environnements de travail de demain suivent donc des tendances comparables pour répondre aux enjeux d’évolution des comportements et des modes de travail puis s’adaptent à la culture, à la stratégie et à l’ADN de chaque entreprise.

Le digital au sein des futurs espaces de de travail : prémices de profondes mutations à prévoir

A première vue, on pourrait imaginer que le degré de « digitalisation » de l’espace de travail dépend principalement du secteur d’activité dans lequel évolue l’entreprise. Or, la conférence de la Commission Immobilière EBG du 23 octobre dernier a permis de souligner que toutes les entreprises, quel que soit leur cœur de métier, ont l’ambition de développer les équipements digitaux au sein de leurs nouveaux sites. Cette démarche vise notamment à faciliter les interactions, non seulement entre les résidents mais également entre les différents sites de l’entreprise. Ainsi les 3 projets présentés ont fortement développé les espaces de vidéo-conférences. Sophie-Jeanne Hales-Le-Menestrel n’hésite pas à nous faire part de sa vision « la visio c’est la base »...

Le développement du digital s’exprime aussi à travers les équipements mis à disposition des collaborateurs qui encouragent la mobilité : ordinateurs et téléphones portables, connexion wifi accessible dans l’ensemble du site, y compris dans les espaces extérieurs (jardins du Campus Sanofi Val de Bièvre, par exemple). De cette façon, chaque espace (même commun comme les restaurants) peut être utilisé comme un espace de travail.

Enfin, le digital prend une place de plus en plus importante dans l’exploitation quotidienne du parc immobilier. Si Sanofi a lancé il y a quelques mois une application smartphone permettant aux collaborateurs de s’informer de la vie de leur site (menu des restaurants, état de réservation des salles de réunion, places de parkings disponibles…), c’est chez Google que le phénomène semble être le plus abouti. Ainsi, Sophie-Jeanne Hales-Le-Menestrel explique que le suivi des réclamations portant sur l’exploitation du site de la rue de Londres est entièrement automatisé. De plus, les équipes en charge des services généraux ont à leur disposition des tutoriels vidéos Groupe leur permettant de s’informer des actions à appliquer pour traiter telle ou telle problématique.

Nous avons constaté que les entreprises, de secteurs pourtant très différents, poursuivent généralement des enjeux comparables à faire évoluer leurs environnements de travail. Cependant, les réponses à ces enjeux, notamment en termes d’aménagements et de « digitalisation », dépendent de la maturité du groupe sur ces sujets et de l’effet recherché. Il apparaît néanmoins qu’une grande tendance à l’ouverture et à plus de connectivité des espaces est perceptible. Ces tendances dessinent les contours d’environnement de travail de demain et leur développement s’annonce rapide et homogène dans tous les secteurs d’activité.

Rédacteur en chef : Ludovic Legendre
Auteurs : Julie-Maud Godard, Clément Boisset, Brice Levasseur