Faisons acte de solidarité et payons nos factures à l’heure !

À l’heure où le gouvernement a décidé de renforcer le filet de sécurité déployé au début de la crise du coronavirus pour que les assureurs-crédit continuent de protéger les sociétés contre les impayés de leurs clients, les premiers chiffres montrent une nette tendance à l’augmentation des retards.

Particuliers – l’addition salée des retards de paiement

L’Union sociale pour l’habitat, qui regroupe tous les organismes HLM, chiffre les impayés de loyers à 4,8 % en avril, contre 4 % en temps normal. Le site PAP a vu le nombre de consultations pour impayés de loyers multiplié par deux par rapport à leur niveau moyen.
Dans le domaine des opérateurs de télécommunication, Moody’s prévoie "une augmentation des créances douteuses". 

Par ailleurs, en réponse à la précarisation liée à la crise, les fournisseurs d’énergie, proposent des solutions. Engie et Total Direct Energie, anticipent et proposent des remboursements d’abonnement, pour EDF, les pénalités de retard pour ses clients en défaut de paiement seront suspendues jusqu’au 1er septembre 2020.

Du côté des entreprises, pour l’éditeur de logiciel Sidetrade dans son baromètre sur le sujet, qui se base sur l’analyse statistique de 26 millions de factures, « les retards de paiement ont en effet augmenté de 56% en France en quelques semaines, ce qui représente un impact de près de 75 milliards d’euros de trésorerie pour les entreprises subissant ces retards ».
Une étude de BearingPoint, « les français, leur argent et leurs factures » réalisée avant la crise sanitaire, entre novembre et décembre 2019, montre que 1% des consommateurs, ménages aisés compris, ne respectent pas les dates de règlement, quel que soit le fournisseur, télécom, internet, eau, énergie, logement.

À l’heure où nous venons de traverser un rare épisode de solidarité, où les français se sont retrouvés tous les soirs à 20h00 pour s’unir à leurs soignants, où nous avons soutenu les personnels de caisse, le personnel de nettoyage, ne serait-ce pas le moment de cesser cette habitude qui fait porter une dette inutile à nos fournisseurs, dette que nous retrouvons mécaniquement dans leurs prix ?

Chaque année, les retards de paiement de factures représentent une dette d’environ 1 milliard d’euros pour les secteurs des communications et de l’énergie. Une dérive qui touche plus particulièrement les foyers aisés.

Hervé Bourguignat

Un tiers des clients attend une relance pour se considérer en retard

Si les factures impayées constituent un manque à gagner important pour les entreprises et bailleurs, les retardataires semblent représenter une minorité de leurs clients. Seuls 1 % à 2 % d’entre eux sont régulièrement en retard dans le paiement de leurs factures.

Cependant, en cumulant les retardataires réguliers et occasionnels, on observe que 12% des Français ont déjà payé une facture en retard. Ce constat s’explique par une mauvaise perception du retard de paiement. En effet, 30% des clients ne se considèrent en retard qu’après avoir reçu une ou plusieurs relances ou lorsque leur fournisseur menace de couper leur accès au service souscrit ; et 15% admettent qu’on puisse quitter un fournisseur en laissant une dette. Or, un client est considéré en retard de paiement dès le dépassement de la date limite indiquée sur sa facture.

La fourniture d’eau et d’électricité touchée de plein fouet par les retards

La généralisation du prélèvement automatique a eu pour effet de considérablement réduire les contraintes liées au paiement des factures, tant pour les clients que pour les entreprises et bailleurs. D’une part, les clients évitent la principale cause de retard : l’oubli. D’autre part, les fournisseurs pouvant rendre ce mode de paiement obligatoire ont vu le nombre de retards de paiement sur leurs factures drastiquement baisser. Ainsi, la téléphonie mobile, qui fait partie des secteurs pouvant imposer le prélèvement automatique, ne recense que 6 % de clients ayant déjà payé une facture en retard. A contrario, les secteurs où la loi l’interdit, comme la fourniture d’eau ou d’électricité, enregistrent respectivement 19 % et 12 % de clients dans ce cas. Dans l’énergie, plus d’un Français sur trois (34%) non prélevé automatiquement a déjà payé sa facture en retard.

L’étude indique par ailleurs que le prélèvement automatique est le meilleur moyen pour les clients d’éviter de recevoir des courriers de relance. Ces courriers sont particulièrement angoissants pour les ménages, en particulier lorsqu’ils concernent des services essentiels. Dans le cas d’une facture d’énergie (électricité ou gaz), une relance est perçue comme ayant un impact modéré ou fort dans plus de 67% des cas. Les relances liées au loyer ou à un crédit immobilier oppressent quant à elles plus de sept clients sur dix (71%).

Près d’un foyer aisé sur deux considère qu’un retard de paiement est accessoire

Les foyers aux revenus moyens et aisés sont beaucoup plus négligents que la moyenne dans la gestion de leur budget et de leurs factures ; les plus riches d’entre eux considérant à 47% un retard de paiement comme accessoire. Cette tendance se retrouve dans des proportions encore plus élevées chez les retardataires réguliers : plus de 40 % d’entre eux se préoccupent de leur budget moins d’une fois par semaine.

Le sondage dresse le profil type des clients payant régulièrement leurs factures en retard. Ceux-ci sont pour la plupart salariés à temps plein et ont suivi de longues études (bac +5 ou plus). Ces retardataires sont par ailleurs plus dépensiers que la moyenne, voient la gestion de leur budget comme une contrainte très pénible.

Étude BearingPoint avec Ipsos
Sondage réalisé par Ipsos, avec BearingPoint, du 25/11/19 au 05/12/19, sur 1000 Français âgés de 18 à 75 ans, représentatifs de la population en termes d’âge, de sexe et de région.

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