coût moyen des reportings ABE pour les établissements de crédit systémiques en Europe(1)
Apparues dans les années 90 sous l’impulsion des banques centrales nationales, les exigences en matière de reporting réglementaire n’ont eu de cesse de se renforcer depuis. D’une vague réglementaire dans les années 2000, à la suite du passage à l’euro et sous l’impulsion de la Banque Centrale Européenne, nous sommes alors passé à un véritable tsunami, dans le sillon de la crise financière de 2008. Ces nombreuses réglementations se sont traduites par un important renforcement des exigences autour des reportings prudentiels et l’apparition (ou la mise à jour) de nombreux indicateurs réglementaires : ratios de solvabilité, ratios de liquidité à court et moyen termes, ratio de levier, etc. Et l’heure n’est pas encore à la désinflation, comme en témoigne les nombreux chantiers récents ou en cours : entrée en vigueur de RUBA (Reporting Unifié des Banques et Assimilés) début 2022, finalisation du paquet Bâle III (« Bâle IV »), reportings ESG, etc.
La mise en œuvre successive de toutes ces exigences, sans réelle cohérence d’ensemble, se traduit par de nombreuses limites :
Ainsi, ce modèle à bout de souffle fait aujourd’hui peser une charge financière importante sur les banques, qui doivent poursuivre leur mise en conformité avec les nouvelles réglementations (« Change the bank ») tout en continuant à produire les nombreux reportings réglementaires parfois redondants et à maintenir une architecture IT devenue complexe (« Run the bank »).
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coût moyen des reportings ABE pour les établissements de crédit systémiques en Europe(1)
Dans son étude sur les coûts de reporting(1), l’Autorité Bancaire Européenne (ABE) mentionne que l’une des pistes les plus prometteuses, à terme, pour réduire cette charge financière est la mise en place de reportings de données granulaires (clients, contrats, transactions, etc.), en remplacement des reportings agrégés. De notre côté, nous avons acquis la conviction forte que le modèle de production des reportings va effectivement évoluer vers ce modèle.
Outre la réduction de la charge, cette nouvelle approche permettra également aux banques de développer d’autres usages internes, en particulier pour les fonctions régaliennes (risques, finance, conformité, audit). Et les bénéfices seront également significatifs pour les autorités de supervision, avec une augmentation de la qualité et de la valeur ajoutée des données collectées, nécessaire pour une supervision précise, efficace et évolutive, tout en limitant le recours à des demandes récurrentes de données complémentaires adressées aux établissements.
Le régulateur bancaire européen a d’ores et déjà lancé deux initiatives complémentaires visant à expérimenter la mise en place de dispositifs de remise de données granulaires :
Ces deux initiatives au potentiel prometteur suscitent un fort intérêt du marché, mais force est de constater qu’à ce stade, de nombreux défis restent à relever par les banques et régulateurs afin d’opérer avec succès ce changement de paradigme :
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[1] Study of cost of compliance with supervisory reporting requirement report EBA/Rep/2021/15