Un semestre après la promulgation de la loi relative aux services express régionaux métropolitains, une première vague de quinze projets puis de neuf autres ont été labellisés au début de l’été 2024.  

Les projets de Service Express Régionaux Métropolitains (SERM), conçus comme un « choc » de l’offre de transport, s’inscrivent dans le plan d’action de l’Etat pour la transition écologique. La France s’est en effet fixée comme objectif dans sa Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) de réduire les émissions du secteur des transports de 35% d’ici 2030 par rapport à 2019¹. Or, la moitié des émissions de ce secteur (51%) est due aux déplacements en voiture particulière² notamment en zones périurbaines. Les SERM, avec leur offre multimodale de services de transports collectifs publics, répondent ainsi à un enjeu majeur de développement des solutions de transport efficaces, économiques et durables facilitant la mobilité de tous les usagers.  

Toutefois, derrière le label SERM attribué par l’Etat à la demande des collectivités locales et des objectifs communs affichés (décarboner la mobilité, relier les métropoles et leurs périphéries), la réalité des SERM est plurielle, avec des niveaux de maturité très différents selon les projets. En effet, toutes les métropoles ne disposent pas de la même qualité d’infrastructure ferroviaire, de la même amplitude et qualité d’offre ferroviaire, ni de la même facilité de coordination avec les autres modes de transport. Ainsi, pour chaque projet SERM, la gouvernance doit être adaptée, et les objectifs à atteindre échelonnés selon une trajectoire définie en fonction du niveau de départ et des axes de travail prioritaires déjà identifiés. A l’image du Pass Rail lancé cet été, les initiatives pour faciliter les déplacements des Français sont nombreuses mais les rendre concrètes nécessite une coordination efficace et un pilotage au bon niveau. 

Pour concrétiser ces nouveaux SERM, trois conditions doivent être réunies afin de satisfaire les nouvelles attentes des usagers et les impératifs environnementaux.  

Facteur clé de succès n°2 - Coordonner les solutions de mobilité pour faciliter l’intermodalité

La coordination est un facteur essentiel de réussite des projets de SERM car ils doivent prendre en compte une multitude de contraintes locales et d’acteurs impliqués à différentes échelles.

Avec les opérateurs de transports lourds, la gouvernance doit être clairement définie et le pilotage efficace 

Les Autorités Organisatrices des Mobilités (AOM) coordonnent le réseau de transports et échangent avec les opérateurs de transports, entreprises ferroviaires et gestionnaires d’infrastructure. Leur rôle de garantir une mobilité efficace au service de tous prend toute son importance dans le cadre de l’ouverture à la concurrence et de la création des SERM puisque les AOM devront garantir une coordination efficace des parties prenantes et ainsi établir une gouvernance claire. En effet, les concertations devront être à la fois efficaces et pragmatiques pour mettre les voyageurs au centre des préoccupations et répondre à leurs attentes. Par exemple, les acteurs du transport de voyageurs et de marchandises exploitent le même réseau ferré et souhaiteront potentiellement obtenir le même sillon : une juste coordination de ces acteurs est un levier d’utilisation plus performante et vertueuse du réseau (pour en savoir plus, notre article sur la relance du fret ferroviaire)¹⁰

Entre les SERM, les ressources pourraient être mutualisées et des retours d’expériences doivent permettre d’éviter certains écueil 

Bien que les contraintes locales diffèrent d’une métropole à l’autre, l’expérience acquise lors du lancement des premiers SERM est précieuse pour éviter de reproduire les mêmes erreurs et faciliter la mise en service. Deux principaux acteurs sont mobilisables à l’échelle nationale sur le sujet : la Société du Grand Paris devenue Société des Grands Projet (SGP) et SNCF Réseau. La SGP pourrait porter cette responsabilité et mettre à profit son savoir-faire en matière de maitrise d’ouvrage et de coordination des mobilités. SNCF Réseau et son entité SNCF Gares & Connexions peuvent apporter la connaissance du réseau, de son exploitation et ses aménagements pour aider à le fiabiliser. En mettant en commun certaines fonctions supports, certains SI ou certains outils, des synergies pourraient se créer entre les SERM générant ainsi davantage de fluidité mais également des économies. BearingPoint a notamment accompagné ce cycle vertueux au sein des régies de production et de distribution d’eau potable en France. 

Avec tous les autres modes de déplacements, la mobilité devient un service : 

Les SERM prévoient un accès facilité à d’autres solutions de mobilité comme le vélo, les bus express, le covoiturage, … Ainsi, le concept de mobilité comme un service (MaaS pour Mobilité as a service) continue de se développer en France et crée de nouvelles opportunités. Du point de vue de l’utilisateur, les offres de mobilité doivent paraitre simples, intégrées et unifiées. Pour rendre cela possible, les données sont partagées entre les acteurs. Les AOM comme Ile-de-France Mobilités incitent les opérateurs à mettre à disposition leur données en libre accès. Cette information centralisée est un moyen de faciliter l’accès à l’information et d’augmenter l’attractivité des SERM. La gestion des données à grande échelle est un autre aspect essentiel à la réussite de ces projets. 

Auteurs :
- Laetitia CHATAIN
- Antoine PODVIN​
- Alexandre MAYER

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