En 1994, un tout premier article a été commandé en ligne, un CD de Sting.
Une vingtaine d’années plus tard, le marché mondial du e-commerce est estimé à près de 5 700 milliards1 de dollars et représente plus de 20%2 de toutes les ventes au détail. Tous les secteurs d’activité sont concernés par la hausse des ventes et achats en ligne et celui de la santé a pris une grande importance ces dernières années. La vente en ligne de médicaments, aussi controversée soit-elle, a su se faire une place sur le marché et soulève aujourd’hui beaucoup de questions.
Quels sont les enjeux et les défis du marché de l’e-pharmacie en France et en Europe ?
En 2021, le marché mondial de l’e-pharmacie représente près de 68 milliards3 de dollars et devrait croître d’environ 18% entre 2022 et 20275. Cependant, le marché est hétérogène selon les régions. En effet, l’Amérique du Nord détient plus de 40% du marché mondial et l’Europe se partage entre 20 et 30%4 du marché. Celui-ci est lui-même dominé par l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l’Espagne puis l’Italie qui se partagent environ 60%5 des revenus en 2021.
Le marché Européen connait, une croissance inégale entre les différents pays. L’Allemagne et le Royaume-Uni, par exemple, ont d’ores et déjà atteint leur phase de maturité tandis que l’Espagne, la France et la Belgique sont encore à un stade « d’émergence »6.
Ces différents stades de maturité s’expliquent notamment par des différences de réglementation entre les pays. Elles portent principalement sur :
Ces différences de réglementation ont un impact dans le développement d’acteurs clés sur le marché. Parmi le top 10 des e-pharmacies Européennes, on retrouve le leader suisse du marché Zur Rose Group (qui génère un chiffre d’affaires de 1,4 milliard (€) et contrôle 30% du marché allemand), six e-pharmacies allemandes dont Shop Apoteke (qui génère un chiffre d’affaires de 1,06 milliard (€)), deux e-pharmacies belges (Medi-Market et Newpharma) et une e-pharmacie française (Santé discount).
Neuf ans après la légalisation de la vente en ligne de médicaments, celle-ci peine à intéresser les pharmaciens officinaux. La loi ASAP8 promulguée en 2020 dont l’objectif était d’assouplir les conditions d’ouverture des e-pharmacies n’a vu qu’une seule proposition retenue : celle de la simplification administrative du processus de création de sites en ligne, passant d’une autorisation requise de l’Agence Régionale de Santé (ARS) à une simple déclaration.
En 2022, seules 809 officines françaises disposent d’une autorisation administrative de vente en ligne de médicaments OTC, soit moins de 4% des officines9.
Ce faible nombre s’explique notamment par les nombreuses difficultés liées aux conditions d’existence des e-pharmacies. L’ARS impose une réglementation stricte, avec l’obligation de :
De plus, en France, la publicité et la communication des médicaments par les e-pharmacies françaises est interdite. Cependant, elle est autorisée en France par les e-pharmacies européennes ce qui constitue un frein supplémentaire au développement11 pour les e-pharmacies françaises en comparaison avec ses voisins européens.
Néanmoins, selon la FEVAD12, le secteur du e-commerce (vente en ligne de produits et services tous secteurs d’activité confondus) estimé en France à 129 milliards € en 202113, continue de croître et la crise sanitaire de 2020 a accentué cette tendance.
Les pharmaciens titulaires sont les plus soucieux de ces avancées puisque le secteur de la santé est l’un des plus touché par cette tendance. En plus des contraintes réglementaires et la difficulté d’investir dans ce marché, ils considèrent que la perte du lien et du suivi avec le patient est une problématique sur laquelle il est primordial de se pencher.
Il existe un certain nombre de défis pouvant affecter la croissance continue du secteur de l’e-pharmacie en Europe. Parmi ceux-ci on retrouve :
Il est désormais admis que le marché des pharmacies en ligne est très disparate et que la réglementation nationale et européenne joue un rôle majeur dans ces inégalités. La législation va-t-elle évoluer pour laisser place à ce secteur prenant de plus en plus d’ampleur à l’heure du digital ? La France acceptera-t-elle un jour de suivre l’exemple de ses voisins afin de s’imposer comme un des leaders sur ce marché en pleine expansion ?
Avec la contribution de Corinne de Villeneuve, Directeur Associée Life Sciences
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