Presque 70 ans jour pour jour après le discours historique du président Américain Dwight Eisenhower « Atoms for Peace », le samedi 02 décembre 2023, une déclaration commune signée par 22 Etats à la COP28 de Dubaï appelle à un changement d’approche spectaculaire sur la question de l’énergie Nucléaire. La déclaration reconnaît notamment « le rôle clé de l'énergie nucléaire pour parvenir à des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles au niveau mondial en 2050 […] afin de respecter la limite de 1,5°C des accords de Paris. »
L’Agence Nucléaire Mondiale souligne qu’une telle augmentation de la capacité installée engendrerait une émission cumulée évitée d’approximativement 80 Gt de CO2, soit environ l’équivalent de 7 fois les émissions annuelles de la Chine.
Les signataires de la déclaration sont la Bulgarie, le Canada, la Corée du Sud, les Émirats arabes unis, les États-Unis, la France, la Finlande, le Ghana, la Hongrie, le Japon, le Maroc, la Moldavie, la Mongolie, les Pays-Bas, la Pologne, la Roumanie, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède, l’Ukraine.
La Chine, la Russie et l’Inde sont les grands absents de cette annonce.
Le Maroc fait également partie des pays signataires. Fin 2022, le géant russe du nucléaire Rosatom a signé un accord de coopération avec Rabat afin d’ouvrir les portes d’un accompagnement dans le développement de Centrales Nucléaires et de Centrales de dessalement d’eau de mer alimentées par l’énergie nucléaire.
En France, le Président de la République Emmanuel Macron s’est félicité d’une telle signature. L’Hexagone reste en effet aujourd’hui le deuxième plus grand pays producteur d’énergie nucléaire avec ses 56 réacteurs de type REP (réacteurs à eau pressurisée fonctionnant à l’uranium enrichi), soit une capacité installée de 61 GW. Le pays compte 220k emplois dans le secteur en 2023 et prévoit environ 150k nouveaux postes d’ici à 2033.
Cette déclaration scelle officiellement l’inscription de l’Atome dans l’agenda énergétique mondial. En effet, un premier « Sommet du Nucléaire » s’est tenu fin mars 2024 à Bruxelles, alors que la Belgique a été hostile à l’énergie nucléaire cette dernière décennie. Ce sommet a réuni une « Alliance européenne du Nucléaire* » qui s’est engagée à :
"L'énergie nucléaire fait partie de la solution pour parvenir à des émissions nulles d'ici 2050 ", a martelé Alexander De Croo, le premier ministre belge. L’Europe souhaite donc jouer un rôle de leader mondial dans la transition écologique en faisant de l’énergie nucléaire, tout comme les énergies renouvelables, un levier de croissance à long terme contribuant à la décarbonation de l’industrie et à la neutralité climatique d’ici 2050.
(*) Bulgarie, Croatie, Finlande, France, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, République Tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Suède.
Auteurs :
Aniss Lyamani
Julien Bos