En France, EDF a besoin de 8 000 à 10 000 tonnes d’uranium naturel en moyenne chaque année pour exploiter son parc de 56 réacteurs REP (réacteurs à eau pressurisée)1. Selon un sondage réalisé en 2019 par Orano avec l’Institut BVA, l’argument prioritaire en faveur du nucléaire pour les Français est l’indépendance énergétique du pays (46%) devant la création d’emplois (39%) et l’absence de rejet de CO2 (34%)2. L’indépendance énergétique est-elle un bon argument, sachant que la France importe la totalité de son uranium depuis les années 2000 ? En quoi le combustible nucléaire est-il un élément majeur de l’indépendance énergétique nucléaire française ?
Depuis la fermeture des mines d’uranium françaises en 2001, la France mise sur la diversité des sources d’approvisionnement pour assurer sa sécurité énergétique. Ainsi, en 2020, les importations françaises d’uranium venaient de quatre pays : le Niger, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et l’Australie (Cf. figure 1).
Figure 1 : origines des importations françaises d’uranium en 2020 (Source : BearingPoint, à partir de données du Comité technique Euratom11)
On observe sur plusieurs années les données chiffrées qui nous confirment cette multiplicité des sources d’approvisionnement. Ces quatre pays ont fourni près des trois quarts de l’uranium à la France entre 2005 et 2020 (Cf. figure 2).
Figure 2 : origines des importations françaises d’uranium entre 2005 et 2020 (Source : BearingPoint à partir de données du Comité technique Euratom11)
Pour Orano, principal fournisseur d’EDF en combustible nucléaire, la France n’est pas « soumise à des aléas géopolitiques » grâce à la répartition mondiale des sites miniers d’où est extrait l’uranium qui alimente les réacteurs français et, par conséquent, la France « maîtrise son approvisionnement »3.
EDF se fournit principalement auprès d’Orano qui, avec le kazakh Kazatomprom et le canadien Cameco, est leader sur le marché mondial de l’uranium naturel. Orano maîtrise l’ensemble des étapes du cycle du combustible : exploration, développement, production, commercialisation et réaménagement4.
Au Canada, au Kazakhstan, en Namibie et au Niger, Orano participe à des opérations minières d'uranium et à des projets d'exploration. De plus, en tant que non-opérateur, elle détient des parts dans plusieurs opérations minières et projets de recherche dans différents pays. Orano a travaillé hors de la France en se concentrant sur la découverte de ressources exploitables au Canada, au Gabon, au Kazakhstan, en Mongolie, en Namibie et au Niger5.
Figure 3 : activités d’Orano (Source : Orano, septembre 202212)
Ainsi, la filière nucléaire française ne repose pas sur des firmes étrangères pour sa fourniture et l’enrichissement d’uranium, mais sur une entreprise française leader de son secteur. En outre, Orano gère l’amont du cycle du combustible, mais également l’aval grâce à sa maîtrise de la gestion des déchets.
L’approvisionnement en uranium est maîtrisé à moyen/long terme grâce aux stocks et réserves. Orano offre une visibilité sur 20 ans sur la production d’uranium grâce à un portefeuille de ressources et de réserves diversifié. Ce portefeuille diversifié est notamment dû au fait que l’uranium est un métal non rare : il est 1 000 fois plus présent que l’or dans l’écorce terrestre6.
De plus, un grand nombre de réserves est identifié dans le monde. Les principales réserves d’uranium se situent en Australie, au Kazakhstan et au Canada. Les 16 pays représentés sur la carte ci-dessous concentrent 95% des ressources mondiales d’uranium accessibles à moins de 130$/kgU.
Figure 4 : ressources identifiées d’uranium (Source : IAEA et NEA, 2020)
Les ressources en uranium sont suffisantes pour répondre à la demande dans un avenir proche, d’après le rapport de l’AEN et de l’AIEA de janvier 20217. Comme le montre la figure 5, la production d’uranium mondiale a toujours été excédentaire sur les 70 dernières années.
Figure 5 : Besoins et productions d’uranium dans le monde de 1949 à 2019 (Source : IAE et NEA, 202013)
Dans l'Union européenne, les stocks d'uranium, à la fin de l’année 2019, s'élevaient à 42 912 tU, soit suffisamment pour assurer en moyenne trois ans d'approvisionnement en combustible.
Selon la Société Française d’Energie nucléaire, la sécurité d’approvisionnement en uranium de la France est assurée de la manière suivante :
La France maîtrise son approvisionnement en uranium, notamment grâce à des ressources diversifiées et des stocks maîtrisés par ses entreprises expertes mondiales du secteur, lui sécurisant son indépendance, sa souveraineté énergétiques et une production d’électricité bas carbone long terme.
Auteurs :
Caroline Fabre, consultante
Julien Bos, manager sénior
[1] Plan national de gestion des déchets radioactifs 2016-2018, Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer et Autorité de Sûreté Nucléaire
[2] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/01/24/l-independance-energetique-de-la-france-grace-au-nucleaire-un-tour-de-passe-passe-statistique-et-100-d-importation_6110781_4355770.html https://www.orano.group/fr/actus/actualites-du-groupe/2021/octobre/selon-une-etude-bva-pour-orano-une-majorite-de-francais-estime-que-le-nucleaire-est-un-atout-pour-l-independance-energetique-de-la-france
[3] https://www.cairn.info/revue-responsabilite-et-environnement-2020-1-page-136.html?contenu=article
[4] https://www.orano.group/fr/l-expertise-nucleaire/de-l-exploration-au-recyclage/producteur-d-uranium-de-reference
[5] ; [7] ; [13] https://www.oecd-nea.org/jcms/pl_52718/uranium-2020-resources-production-and-demand
[6] https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/enrichissement-de-luranium
[8] Rapport sur les coûts du nucléaire – Assemblée nationale (2014)
[9] SAGESS (2018)
[10] Ressources en uranium – AIEA/OCDE (2018)
[11] https://www.liberation.fr/checknews/luranium-importe-en-europe-et-en-france-provient-il-tres-largement-de-russie-comme-laffirme-yannick-jadot-20220705_LIIEMU2QIRFKZMB46IPBWKFJZQ/#:~:text=Sur%20les%206%20286%20tonnes,Australie%20(9%2C9%20%25)
[12] https://cdn.orano.group/orano/docs/default-source/orano-doc/expertises/producteur-uranium/32p_dp_orano_mining_fr_sept22_ld.pdf?sfvrsn=33004738_10