Le monde de demain sera très différent de celui d’aujourd’hui. La transition écologique, les crises internationales, les avancées technologiques et les nouvelles attentes sociétales bouleversent rapidement les modèles établis au premier rang desquelles nos chaînes de valeur logistique.
BearingPoint vous partage 5 leviers de transformation pour repenser vos activités logistiques :
La décarbonation du transport maritime repose principalement sur le verdissement des flottes de navires (coût estimé entre 8 et 28 milliards de dollars par an jusqu’à 2050) et la mise en place d’infrastructures plus responsables (ex. raccordement des zones portuaires). Dans son dernier rapport « Towards a green and just transition », la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) alerte sur une hausse du coût de la logistique internationale (+1,5% d’ici 2030) pouvant affecter les plus faibles acteurs de cette chaîne de valeur et recommande une « stratégie de transition efficace sur le plan environnemental, impartiale sur le plan procédural, juste sur le plan social, inclusive sur le plan technologique et équitable sur le plan mondial ».
Dans l’immobilier tertiaire, le Décret Tertiaire fixe des objectifs ambitieux en matière de réduction des consommations énergétiques pour les acteurs de ce secteur. Comment mieux partager cette charge entre l’ensemble des acteurs ? Afilog, Union TLF, France Supply Chain et le Club Demeter ont récemment établi une charte de quatre principes communs visant à « organiser et à partager la responsabilité de la performance énergétique des bâtiments, telle que prévue par le décret tertiaire », mais aussi les bénéfices induits par les économies d'énergie réalisées.
Par conséquent, la décarbonation et la modernisation des chaînes logistiques affecte la rentabilité des acteurs de ces chaînes de valeur qui supportent également les coûts des aléas et évolutions du marché (hausse des coûts de l’énergie, détournements d’itinéraires, mise en conformité avec les nouvelles réglementations, etc.). La recherche de subventions par l’Etat du coût de la transition écologique peut être envisagé, mais l’ampleur de cette transformation ne peut reposer uniquement sur un « Etat providence » devant apporter ce même soutien auprès de l’ensemble des filières industrielles.
Pour garantir la pérennité de leurs activités, les logiques collaboratives doivent être encouragées bien qu’elles se confrontent encore trop souvent à des freins réglementaires, politiques, culturels et techniques et le principe de transparence doit être encouragé pour assurer la confiance entre les acteurs (ex. plateformes d’échange et de partage de données). On notera pour bonne pratique la signature par La Poste de conventions avec des métropoles pour acter d’engagements mutuels permettant de produire des services de livraison du dernier km avec le moins d’impact environnemental possible et avec des organisations performantes.
Face à une mutation progressive du secteur des transports et de la logistique, nous présentons ci-dessous trois modèles économiques alternatifs et leurs principaux bénéfices :
Modèle | Economie collaborative | Economie circulaire | Economie de la fonctionnalité |
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Description (Source : Ademe) | Modèle socio-économique privilégiant l’usage à la possession | Modèle s’inspirant du fonctionnement cyclique des écosystèmes naturels | Modèle privilégiant l'usage plutôt que la vente d'un produit |
Bénéfices |
- Amélioration de la productivité et réduction des coûts - Limitation de la surproduction et intensification des usages - Relais de croissance sur de nouveaux terrains d’opportunités |
- Préservation des ressource et réduction de l’impact environnemental - Création d’emploi et amélioration de la compétitivité - Allongement de la durée d’usage et réduction des coûts |
- Nouvelles sources de revenus (ex. recettes d’exploitation) - Réduction de l’artificialisation des sols - Intensification de l’usage |
Quels que soient les modèles, on distingue plusieurs prérequis similaires :
Mais les contraintes de mise en œuvre doivent être mises en rapport avec la création de valeur induite par ces modèles. En voici quelques exemples :
Construire des offres durables pour vos clients. L’ADEME définit le marketing responsable comme un "marketing engagé, respectueux de la planète et des personnes. Dans un contexte de changement global, il impulse la dynamique de transition des entreprises vers des modèles de création de valeurs qui répondent aux enjeux de développement durable." Développer une stratégie marketing durable est d’autant plus complexe qu’elle doit prendre en compte l’évolution des usages. Pour inciter à une consommation plus responsable, les leviers activables sont multiples : analyse du cycle de vie des produits dès la phase de conception, incitation aux pratiques durables, création d’une expérience client positive, etc.
Anticiper pour ralentir vos flux et encourager le report modal. Bien que la relation entre vitesse et pollution de l’air soit complexe (car multicritères), on estime qu’une diminution de 25% de la vitesse des navires entrainerait une diminution de 50% des consommations d’énergie, rendrait la propulsion par le vent plus attractive et protégerait la faune marine. De même, la réduction de la vitesse sur route des poids lourds permettrait de faire baisser de 20% l’émission d’oxydes d’azote et rendrait le transport de fret ferroviaire plus attractif favorisant le report modal. Si cette approche n’est pas pertinente pour tous les types de chaînes logistiques, l’allongement des délais de livraison peut être contrebalancé par une meilleure anticipation des commandes et des flux associés.
Faire un usage sobre des infrastructures. Alors que l’usage des infrastructures représente la moitié de l’empreinte carbone française, il convient de s’interroger sur la meilleure manière d’utiliser les infrastructures logistiques (infrastructures de transports, entrepôts et terminaux portuaires et aéroportuaires). Cette sobriété des infrastructures doit être envisagée dès la phase de conception et pilotée en phase d’exploitation. La loi Climat et résilience a posé un objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) à l'horizon 2050. Plutôt qu’une contrainte, cette règlementation doit être envisagée comme une nouvelle manière de penser vos stratégies de développement : optimisation des infrastructures et des réseaux (« network design »), réhabilitation ou reconversion de bâtiments existants, mixité d’usage et mutualisation des ressources foncières, etc.
Les méthodes Lean sont efficaces pour rationaliser les processus, éliminer les déchets, augmenter l'implication des employés et améliorer l'efficacité opérationnelle globale. Les enjeux environnementaux ne doivent pas y être traités comme un sujet à part. C'est pourquoi nous recommandons d'enrichir les méthodes Lean des outils et techniques éprouvés sur la question environnementale.
Le Lean for Green est une approche qui identifie la pollution et les déchets environnementaux non pas comme des problèmes indépendants, mais plutôt comme des freins additionnels au sein des processus. Cette approche encourage les entreprises à prendre des mesures concrètes afin de réduire leur impact environnemental tout en améliorant leur efficacité opérationnelle.
Notre approche Lean For Green
La résilience est la capacité d'une organisation à éviter, à absorber et à se remettre de perturbations majeures rencontrées. Elle repose sur trois piliers fondamentaux : optimisation de la localisation des activités critiques de sa supply chain, mise en place d’une culture de la gestion des risques au sein de l’entreprise et mise sous contrôle de son réseau de fournisseurs.
Un cadre et des méthodes adaptées aident à garantir un audit approprié lors de l'évaluation du niveau de maturité d'une organisation :
Cadre d’évaluation du niveau de résilience d’une organisation
Améliorer la résilience de sa chaîne d'approvisionnement nécessite de couvrir et de consolider de nombreux aspects de manière régulière en fonction de l’évolution du contexte. Une approche basée sur la data crée des fondations solides pour améliorer la résilience de son entreprise à condition de s’appuyer sur une gouvernance dédiée et robuste.
Pour aller plus loin, consultez notre publication : Quels sont les trous noirs de votre supply chain ? Passer de l’aveuglement à la clairvoyance
Auteurs :
- Caroline Perrin, Associée
- Sébastien Marie, Associé
- Edouard Chambalu, Senior Manager