Au vu de la dynamique économique actuelle, l’IA (y compris l’IA générative) offre des opportunités de transformation qui promettent gains d’efficacité, innovations et avantages concurrentiels sans précédent. Cependant, le véritable succès de l’adoption de l’IA réside non seulement dans les capacités technologiques, mais aussi dans la prise en compte des dimensions humaines et organisationnelles, essentielles pour intégrer l’IA de manière pertinente.
L’un des principaux obstacles à l’adoption de l’IA en entreprise est la frilosité des équipes vis-à-vis de cette technologie. Le World Economic Forum révèle que seules 2 % des entreprises sont prêtes à adopter l’IA à grande échelle*, ce qui souligne la nécessité de définir des stratégies globales à destination des collaborateurs, comprenant la transformation des talents et des pratiques responsables en matière d’IA¹. Selon notre étude menée auprès de 700 dirigeants, 64 % des entreprises déclarent avoir organisé des sessions de formations régulières pour fluidifier l’adoption de l’IA. Malgré la priorité accordée à la formation, seulement 35 % des entreprises dans le monde disposent d’une équipe dédiée à la gestion du changement en vue de la transition vers l’IA. En Europe, 31 % des entreprises estiment toujours que l’approche attentiste est la meilleure stratégie à adopter.²
Nombreux sont ceux qui pensent que l’IA générative peut considérablement accroître leur productivité par l’automatisation des tâches répétitives et chronophages. La liberté acquise permet de se concentrer sur des activités plus valorisantes, améliorant ainsi la satisfaction au travail.
Les collaborateurs espèrent que le fait de travailler avec l’IA générative pourra améliorer leurs compétences et les rendre plus compétitifs sur le marché du travail. En se chargeant des tâches routinières, l’IA générative peut contribuer à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée et permettre aux personnes d’être plus créatives et innovantes. En outre, elle pourrait permettre aux collaborateurs moins spécialisés d’effectuer un plus grand nombre de tâches pointues, ce qui valoriserait leur rôle³.
Cependant, certains redoutent l’impact de l’IA sur leur métier, d’où leur difficulté à la considérer comme une aide. Ils la perçoivent plutôt comme une menace, se montrant inquiets face aux risques de suppression d’emplois et aux incertitudes associées, ce qui les conduit à y opposer de la résistance. D’autres n’ont pas les connaissances techniques nécessaires pour exploiter efficacement les outils d’IA, ce qui explique leur hésitation. De nombreux collaborateurs craignent un licenciement, doutent de leur capacité d’adaptation ou s’inquiètent des éventuelles répercussions sur leurs fonctions.
Les entreprises qui ne répondent pas à ces préoccupations sont confrontées à des risques importants. Les personnes qui voient en l’IA une menace pour leur emploi présentent un risque de 27 % plus élevé de quitter leur entreprise. Pour une entreprise comptant 10 000 collaborateurs, cette baisse de la rétention du personnel pourrait entraîner une perte annuelle estimée à 53 millions de dollars en raison des coûts de rotation du personnel et de la baisse de productivité.⁴
Dans le cadre de la transformation induite par l’IA, rendre les collaborateurs autonomes consiste à accroître le potentiel humain plutôt qu’à le remplacer.
Contrairement aux craintes, l’International Labour Organization rapporte que seulement 2,3 % des emplois présentent un « potentiel d’automatisation », pour lesquels les tâches pourraient être effectuées par l’IA générative, tandis que 13 % des emplois présentent un « potentiel de transformation », signalant les gains de productivité qu’offrirait l’IA dans le monde entier.⁵
La transformation IA nécessite des stratégies adaptées aux différents niveaux organisationnels pour que sa mise en œuvre soit efficace. Les dirigeants, les managers et les équipes de première ligne jouent un rôle unique dans ce processus.
Si certains affirment que l’automatisation basée sur l’IA et l’aplatissement des hiérarchies réduisent le besoin de management, cette vision néglige un point crucial : l’IA ne remplace pas le leadership, elle le redéfinit.
Marine Laufer-Tourte, Associée, BearingPoint
Aujourd’hui, alors que la transformation induite par l’IA change la donne sur le lieu de travail, le rôle des managers est plus crucial que jamais. Pour s’adapter à l’ère de l’IA, ils doivent se concentrer sur quatre domaines clés.
La transformation IA nécessite un changement d’état d’esprit à tous les niveaux. Les entreprises doivent doter les managers des outils et du soutien adéquats pour s’assurer que l’IA apporte une réelle valeur ajoutée.
Rémy Sergent, Global Leader People & Strategy, BearingPoint
Les managers occupent une position privilégiée pour assurer la mise en œuvre efficace des stratégies d'IA au sein des équipes. Bien que certains estiment que l'automatisation par l'IA et la réduction des niveaux hiérarchiques diminuent le besoin de managers, cette vision néglige une réalité essentielle : l'IA ne supprime pas le leadership, elle le transforme.
1 World Economic Forum. (2025). Unlocking human potential: Building a responsible AI-ready workforce for the future.
2 BearingPoint. (2024). "Ride the Upcoming Artificial Intelligence Waves; Transitioning into an Augmented Organization"
3 World Economic Forum. (2025). Future of Jobs Report.
4 Gartner. (2024). How Generative AI Will Impact the Future of Work.
5 International Labour Organization. (2024). What is the possible effect of generative AI on employment?