Cette semaine, nous apprendrons à construire un réacteur nucléaire avec des matériaux courants. Attention, ne tentez pas de reproduire cette expérience à la maison ! Vous risquez au mieux de vous empoisonner, au pire d’irradier tout votre quartier…

Rentrons tout de suite dans le vif du sujet. Voici les ingrédients dont vous aurez besoin (les quantités ont été changées pour vous éviter de faire des bêtises…) :

1 paire de ciseaux à bouts ronds,
1 rouleau de scotch,
15 batteries au lithium à voler dans l’Ipad de votre voisin ou dans une Autolib’,
10 détecteurs incendie usagés trouvés à la décharge,
12 vieilles lampes à pétrole de camping en vente à la boutique du Vieux Campeur à Paris,
2 feuilles de papier d’aluminium,
2 L d’eau du robinet,
3 vieilles montres à aiguille phosphorescentes que votre grand-père aura conservées,
1 chalumeau,
1 roche appelée Pechblende, en vente chez tout collectionneur de minéraux qui se respecte,
1 feuille de béryllium récupérable sur une membrane de haut-parleur d’aigus de la marque Pioneer.

Etape 1 : Fabriquer une source de neutrons

Il faut savoir que le béryllium a la propriété d’absorber les particules alpha et de se transformer en carbone en émettant un neutron. Il suffit donc de mélanger un émetteur de particules alpha avec le béryllium que l’on aura récupéré dans le haut-parleur pour obtenir une source de neutron artisanale.

Les détecteurs de fumée contiennent de l’américium-241, élément radioactif émetteur de particules alpha. La peinture phosphorescente des vieilles montres contient du radium, lui aussi radioactif et émetteur de particules alpha. En mélangeant ces deux éléments avec le béryllium et en enveloppant le tout dans une feuille d’aluminium fermée avec du scotch, on termine cette première étape !

Etape 2 : Fabriquer le combustible nucléaire

La Pechblende n’est autre que du minerai d’uranium qui contient de l’uranium-238 et un peu d’uranium-235. En concassant la roche, on obtiendra une première partie de notre combustible nucléaire car l’uranium-235 est fissile, c’est-à-dire qu’en recevant un neutron il se fissionne en réémettant d’autres neutrons. L’uranium-238 lui est fertile, il absorbe les neutrons et se transforme en plutonium-239 qui est à son tour fissile.

Les manchons à incandescence des vieilles lampes à pétrole étaient autrefois enduits d’oxyde de thorium-232. On isolera le thorium pur en mélangeant les manchons avec le lithium des batteries et en chauffant le tout dans une feuille d’aluminium avec le chalumeau. On obtient la deuxième partie de notre combustible nucléaire car le thorium est fertile, en absorbant un neutron il se transforme en uranium-233 qui est un matériau fissile.

Etape 3 : Assembler les pièces pour construire le réacteur nucléaire surgénérateur

On termine la construction de notre réacteur surgénérateur de fortune en déposant le combustible nucléaire autour de la source de neutrons. Il est dénommé surgénérateur car on obtient une réaction en chaîne de fission auto-entretenue et car du matériau fissile (plutonium-239 et uranium-233) est produit en même temps que d’autres sont consommés. Pour que le tout fonctionne, on plongera le dispositif dans nos 2 litres d’eau afin que l’eau joue le rôle de modérateur des neutrons (elle les ralentit) comme dans un vrai réacteur.

Etape 4 : Sauve qui peut !

 

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Auteur :
Sébastien Hubert, Senior Consultant