Cette semaine, j’aimerais vous faire découvrir un très beau projet qui place les sciences nucléaires au service de l’art.

Associant entre autres le CEA et le Ministère de la Culture, un projet français nommé ARC-Nucléart tente de répondre à la nécessité de préserver des éléments du patrimoine historique et de conserver certains vestiges archéologiques.

En 1977 par exemple, le monde entier découvrait avec stupeur que la momie de Ramsès II était colonisée par des champignons qui dégradaient lentement mais sûrement la royale dépouille ! Le CEA avait à l’époque proposé d’utiliser du cobalt-60 émetteur de rayons gammas dans le but de stériliser la momie et d’assurer sa conservation. Après une irradiation d’une douzaine d’heures, les champignons furent entièrement exterminés et Ramsès II sauvé.


 Khroma, lui, est un bébé mammouth vieux de plus de 50000 ans découvert en 2009 dans le permafrost sibérien. Avant de pouvoir l’étudier et l’exposer dans un musée, les scientifiques du projet ARC-Nucléart l’ont également irradié de photons gamma issus de la désintégration de noyaux de cobalt-60 afin de supprimer toute trace de micro-organismes qui auraient pu le détruire.

 

L’histoire du Vasa est, elle, légèrement différente. Ce splendide vaisseau de guerre, destiné à être le fleuron de la flotte suédoise au XVIIème siècle, sombra lamentablement lors de son voyage inaugural après avoir navigué à peine 1 km dans l’archipel de Stockholm. Il fut retrouvé et renfloué en 1961 et réside aujourd’hui dans un musée à Stockholm que je vous recommande chaudement ! Comme beaucoup de pièces archéologiques en bois humide, le Vasa a été imprégné de polyéthylène glycol (PEG) afin que le bois ne rétrécisse pas en séchant. Seulement, des bactéries présentes dans le bois ont conduit à la production de plus de 2 tonnes d’acide sulfurique qui ronge les restes de l’épave. Le projet ARC-Nucléart propose aujourd’hui d’utiliser le cobalt-60 et ses rayons gammas pour détruire les organismes vivants du bois et durcir une résine radio-durcissable utilisée à la place du PEG afin de rendre le bois immortel.
 

Auteur :
Sébastien Hubert, Senior Consultant