Alors que la Sécurité sociale française fête en 2015 ses 70 ans, célébrer « l’idée selon laquelle « chacun est responsable de tous », selon les mots de Saint-Exupéry »[1] engage à analyser les défis auxquels le système de soins français est plus que jamais confronté.

La France se classe au 3e rang des pays de l’OCDE en matière de dépenses de santé, consacrant 11,6 % du PIB soit 220 milliards € à son système de santé. 73 % des dépenses de santé sont financés par l’Assurance Maladie. Ces dépenses progressent chaque année plus rapidement que le PIB et l’Assurance Maladie accuse un déficit de plus de 7 milliards € en 2014.

Les besoins sanitaires évoluent avec le vieillissement de la population et le développement des maladies chroniques (>15 millions de personnes). Associés aux avancées thérapeutiques, ces nouveaux besoins impliquent des parcours de soins et des coordinations de plus en plus complexes mobilisant de multiples acteurs : alors qu’il y a 15 ans, 2 ou 3 professionnels de santé intervenaient auprès d’un patient hospitalisé, ils sont aujourd’hui 15 à 20 autour d’un patient atteint d’une maladie chronique.

Dans ce contexte, les bénéfices potentiels des nouvelles technologies dans l’organisation sanitaire et médico-sociale sont multiples : contribuer à développer la prévention, à renforcer l’accès à l’offre de premier recours, à améliorer la continuité de la prise en charge, à responsabiliser le patient et à accroitre la coordination et l’échange d’informations essentielles. Pour que ces contributions soient significatives, les nouvelles technologies devront répondre aux véritables besoins des patients et des professionnels de santé, et leurs usages auront à être pleinement intégrés par les utilisateurs. Autant de sous-enjeux inhérents à la notion de parcours de prise en charge.

La France reste cependant en retrait dans l’usage d’outils numériques au service de parcours patients par rapport à d’autres pays industrialisés, comme les Etats-Unis. Les dépenses des établissements de santé américains en systèmes d’information sont évaluées à près de 40% des dépenses mondiales.

C’est pourquoi le vivier de modèles de soins innovants s’appuyant sur les nouvelles technologies à travers le monde permet d’enrichir notre compréhension des enjeux français.

Les analyses des 6 exemples de systèmes de soins étrangers publiés à la suite de cet article permettent de décliner les enjeux autour de la thématique « Santé et innovation » :

  • Sharp Healthcare (Etats-Unis) : La « Sharp Experience », du patient au client
  • Kaiser Permanente (Etats-Unis) : Kaiser Permanente, un colosse du SI santé aux pieds d’argile ?
  • Partners Healthcare (Etats-Unis) : Les partenariats public-privé chez Partners Healthcare, clé pour financer l’innovation
  • SAM:BO (Danemark) : Rebattre les cartes de la gouvernance territoriale de la santé : le modèle danois de SAM:BO
  • SPARRA (Royaume-Uni) : SPARRA : anticiper les risques d’urgence médiale pour mieux soigner
  • TicSalut (Espagne) : Les do’s & don’ts du déploiement d’un projet régional : l’exemple catalan

Auteurs:
Rose Lemardeley, Senior Consultante
Tifenn Durieux, Senior Consultante