La blockchain fait partie des technologies prometteuses en termes d’impact sur les organisations et la société dans les prochaines décennies. Ses avantages combinés sur les plans sécurité, transparence, automatisation et réduction des coûts, font de cette technologie un atout sérieux pour les organisations souhaitant augmenter l’efficacité et le niveau de transparence de leurs process. La blockchain pourrait-elle également rendre la coopération financière entre bailleurs de fonds et pays partenaires plus transparente et efficace ?

Les enjeux de la coopération au développement

Le premier enjeu auquel les pays africains font face dans leur collaboration avec les bailleurs de fonds est la maîtrise de l’exécution financière des projets et programmes de développement. En effet, les systèmes de gestion des finances publiques de nombreux pays partenaires font face à des défis comme l’obsolescence, les problèmes techniques de connectivité ou le manque de mobilisation des utilisateurs pour la saisie correcte des données.

Par conséquent, les Etats africains ont de grandes difficultés à maîtriser une partie des flux financiers publiques. Cela gêne les efforts effectués par ces pays pour mieux coordonner les projets et programmes de développement en fonction de leur stratégie de développement nationale.

De plus, et malgré des accords internationaux, comme le partenariat de Busan (2011), visant à systématiser l’utilisation des Systèmes d’Information (SI) des pays partenaires, certains bailleurs de fonds ne font pas confiance aux données qui en émanent et à leur capacité à gérer les fonds décaissés selon les exigences du bailleur de fonds.

Pour adresser cette problématique, les bailleurs de fond adoptent deux attitudes :

  • soit ils gèrent leur projet en silo et n’incluent pas (ou très peu) les pays bénéficiaires dans la gestion des projets et programmes de développement ;
  • soit ils intègrent leur projet dans le budget national des pays bénéficiaires mais imposent en échange des processus chronophages de contrôle et de reporting[1] de l’exécution des projets.

La première solution aggrave le problème initial qu’est le manque de maîtrise par les pays bénéficiaires des flux financiers destinés à leur développement.

La deuxième solution créé une charge de travail importante pour les pays bénéficiaires et ralenti l’exécution des projets de développement.

Le potentiel de la blockchain pour adresser les enjeux de la coopération au développement 

La blockchain est une technologie qui peut contribuer à répondre à ces enjeux de maîtrise de l’information et de confiance entre les pays bénéficiaires de la coopération au développement et les bailleurs de fond.

D’abord, cette technologie a le potentiel d’accroître la transparence des pays bénéficiaires de la coopération au développement en leur permettant de garantir aux bailleurs de fond l’ownership[2] des données associées à l’exécution des projets de développement. En effet, grâce à la blockchain, l’enregistrement des données peut être décentralisé entre différentes partie-prenantes assurant à chacune d’elles la propriété effective des données.

Ensuite, grâce à l’infalsifiabilité des données enregistrées dans une blockchain, cette technologie permet de générer de la confiance entre les pays partenaires et les bailleurs de fond. En effet, non seulement il est impossible de modifier une information enregistrée dans une blockchain, mais plus encore, l’impossibilité de modification rend les chances de réussite des tentatives de manipulation des données très limitées. Ainsi, la blockchain peut contribuer à réduire les risques de détournement de fond.

Enfin, la blockchain peut contribuer à optimiser les processus d’exécution des projets et de collaboration entre les pays bénéficiaires et leurs bailleurs de fond grâce aux smart contracts. Ces derniers permettent aux pays bénéficiaires et  à leurs partenaires de donner certains avis de non-objection de façon automatique et sécurisée. A terme, grâce aux smart-contracts, il est envisageable que certains transferts financiers dans le cadre de projet de développement soient déclenchés automatiquement en se basant sur un certain nombre d’indicateurs d’exécution des projets et programmes de développement.

TruBudget, une illustration du pouvoir de la blockchain

Développé depuis 2018 par la KfW, TruBudget est une plateforme qui utilise les caractéristiques de la blockchain pour améliorer la qualité des données des systèmes de gestion des finances extérieurs des pays bénéficiaires de la coopération au développement. La blockchain est utilisée comme un moyen de partager de l’information entre les parties-prenantes des projets de développement de façon transparente et auditable par des parties-tiers. TruBudget permet à chaque partie prenante des projets de développement d’avoir en temps réel de la visibilité sur l’état d’avancement, ainsi que sur les différents engagements financiers et paiements réalisés. Grâce à la technologie blockchain, chaque organisation a la possibilité de disposer en propre des informations enregistrées dans TruBudget.

La donnée stockée dans TruBudget est localisée dans les différents nœuds de la blockchain détenus par les différentes parties-prenantes,  notamment les différents bailleurs de fonds, ministères dans le pays partenaire et agences d’exécution de projet.

A long termes, l’objectif de TruBudget est de dépasser le cadre de la coopération au développement pour servir la gestion globale des finances publiques des pays partenaires, permettre des modalités de décaissement plus simples et donner plus d’autonomie financière aux pays partenaires.

 

[1] Envois de rapport

[2] Propriété

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